Le « Vieux Campeur » est une enseigne qui, par son nom même, semble destinée aux seniors. En effet n’appelait-on pas ceux-ci les « vieux », il n’y pas encore si longtemps ? Aujourd’hui, ce terme est proscrit, bien sûr, mais, heureusement, cela n’est tout de même pas allé jusqu’à rebaptiser le célèbre magasin de sports ! Imaginez : « Le senior campeur » ou, pire encore : « La personne âgée campeuse » : ça n’irait pas du tout !
Cependant ce terme de « Vieux Campeur » n’implique pas que tous ses clients soient des seniors, tant s'en faut. Il y a de jeunes et même de très jeunes sportifs qui viennent s’y fournir. Simplement, ce nom a une signification symbolique : il implique un lien ancien au sport, à l’activité physique, quelque chose de profondément ancré dans le passé et dans la personne même de celui qui le pratique, quelque chose de stable, de durable, qui se matérialise dans le marcheur à béret et barbe blanche de l’écusson emblématique de la marque. Et ça, ça plaît aux seniors qui sont attachés à ce qui est stable et qui dure. Comme eux…
Par ailleurs, cette enseigne a la faveur des seniors, car elle est elle-même une « senior » dans son domaine : en effet, elle existe depuis… 70 ans ! Depuis 1941. À cette date, Roger de Rorthays
– qui pratiquait le scoutisme et avait créé le rayon camping de la Samaritaine lors des premiers congés payés, sous le Front populaire – ouvre le tout premier « Vieux Campeur » dans un minuscule magasin de 23 m2, au Quartier Latin, à Paris.
Depuis cette époque, quel chemin accompli par Roger et ses descendants, qui ont repris l’affaire de père en fils en une sorte de « dynastie » menant du grand-père fondateur jusqu’à ses petits enfants Ludovic (38 ans) et Aymeric (30 ans), travaillant aujourd‘hui sous la houlette de leur père, Jacques-Yves (65 ans), fils de Roger ! Un chemin qui, serpentant tel un sentier de randonnée, passe par tous les « Vieux Campeurs » qui se sont ouverts successivement à travers la France entière : un village de 26 boutiques, à Paris, autour du magasin originel, un autre de 9 boutiques à Lyon, un magasin à Marseille, Toulouse, Grenoble, Strasbourg, Albertville, Thonon-les-Bains et Sallanches, ce qui conduit au chiffre total impressionnant – pour une affaire familiale – de 42 boutiques !
En 2010, le chiffre d’affaires de l’enseigne était de 70 millions d’euros et l’ensemble de ses établissements totalisait 350 salariés. L’objectif du « Vieux Campeur » est d’équiper tout le monde, du randonneur débutant à l'alpiniste chevronné, mais seulement dans un petit nombre de sports, afin d’être « le meilleur des meilleurs » dans chacun d’eux et que chaque client puisse trouver exactement ce qu’il cherche. Le « Vieux Campeur » offre 28 000 références pour une dizaine de sports seulement : spéléo, randonnée, alpinisme, voile, kayak, plongée, ski et course à pied. Cette hyperspécialisation, garantissant la satisfaction du client, est la clef d’une réussite qui se matérialise par une croissance autour de 10 % quand les plus importants du secteur plafonnent très en dessous.
Ce qui fait la force du « Vieux Campeur », c'est la variété de son offre. On y trouve des semelles chauffantes et leurs batteries, des repas complets lyophilisés, des chargeurs solaires et accumulateurs nomades, des bâtons de marche télescopiques, des ordinateurs de poignet pour la plongée et même un topoguide pour escalader les sommets du Népal ! D’ailleurs le catalogue de la marque est un vrai bottin qui fait 500 pages pour la saison d'hiver et de plus de 1000 pour l’été, diffusé à 110 000 exemplaires et mobilisant quatre personnes à plein temps ! Mais, à côté de la variété de l’offre, c’est aussi son innovation qui fait le succès de l’enseigne. Le « Vieux Campeur » a été le premier à introduire la marque « The North Face » en Europe, à pressentir le succès des laines polaires ou du snowboard, dont il est le leader français. C’est Aymeric, le plus jeune des Rorthays, qui parcourt le monde à la recherche des planches de snowboard hyperprofilées que se disputera frénétiquement un groupuscule d’accros !
Par contre, vous ne trouverez jamais au « Vieux Campeur » des murs d’exposition tapissés de Nike argentées ou de survêtements streetwear. « Pas le genre de la maison ! » déclare sobrement le patriarche, Jacques-Yves de Rorthays. La maison ne fait pas non plus de soldes – ce qui serait du suivisme moutonnier par rapport aux habitudes des commerçants « ordinaires » – mais elle offre en permanence un « coin des affaires » qui permet d'écouler les stocks de l'année. Ce souci de se démarquer par une attitude volontiers élitiste passe par le refus de la publicité : Jacques-Yves ne fait jamais de campagne publicitaire, sans doute parce qu’il garde en mémoire l'échec du rayon fitness ouvert à l’époque de Véronique et Davina afin de « s’accrocher » à la mode créée par leur émission « Gym Tonic ». Car le refus viscéral de la mode est une autre caractéristique fondamentale de l’esprit « Vieux Campeur », s’accompagnant, à l’inverse, d’une fidélité inébranlable à certains « fondamentaux », tels ces articles, ont été mis en vente en 1941 et le sont toujours aujourd'hui, que ce soit le Jerryvache, jerrican en toile sur trépied, très « Patrouille des castors », ou bien les allumettes Cyclone, qui fonctionnent même mouillées ou encore le réchaud à alcool miniature Esbit encore vendu à plusieurs milliers d'exemplaires chaque année.
Cette politique d’entreprise résolument « anti-mode » est sans doute d’ailleurs une des clés permettant de comprendre la sympathie spontanée des seniors pour le « Vieux Campeur », dans la mesure où les seniors eux-mêmes n’aiment guère la mode, envers laquelle ils sont assez méfiants et à laquelle ils sont peu sensibles, car ils sont plus attachés à ce qui dure qu’à ce qui change.
Il faut, pour terminer ce portait de cette entreprise « qui gagne », parler des prix qu’elle pratique. Ses produits sont certes de très grande qualité, mais la qualité a un prix. Au « Vieux campeur », ça n’est « pas donné » : la vérité exige que cela soit dit ! Mais cela n’écarte pas pour autant les seniors : ce n’est pas le cas pour tous, bien sûr, car beaucoup d’entre eux ont de petites retraites, mais bon nombre de seniors, à l’inverse, disposent de moyens suffisants pour leur donner une marge d’action assez large lorsqu’ils décident de faire des achats : on peut raisonnablement supposer que c’est là un facteur d’explication de leur présence importante dans la clientèle de la marque.
Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site de l’enseigne : http://www.auvieuxcampeur.fr mais attention à l’« overdose » d’articles ! Leur nombre est impressionnant ! En fait, le « Vieux Campeur » vous suggère de prendre conseil en magasin. Par contre, si vous savez exactement ce que vous désirez, vous pouvez être livré à domicile, ce qui peut être utile aux seniors, justement, qui n’aiment guère la cohue des magasins…
Rédigé le 21-08-2014 à 00h55
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